La transformation mental, comprendre le shift psychologique
Beaucoup pensent que la transformation — physique, professionnelle ou personnelle — commence par l’action. En réalité, elle débute plus tôt, souvent dans l’ombre, par un léger déplacement intérieur : un shift psychologique.

1. Le déclic : quand le mental initie la transformation
Avant même de modifier nos habitudes, il y a ce moment de doute ou d’inconfort. Un malaise diffus face à notre mode de vie, notre corps ou notre environnement. C’est ce premier signal interne qui initie une remise en question. Psychologiquement, cela s’apparente à ce que les chercheurs appellent une dissonance cognitive : un écart entre ce que nous vivons et ce que nous estimons être juste ou bon pour nous (Festinger, A Theory of Cognitive Dissonance, 1957). Ce léger conflit intérieur est le moteur initial de tout changement.
2. Le cerveau en mouvement : l’identité évolue pendant la transformation
Au fil du processus, la personne change ses comportements, ses routines… mais aussi la perception qu’elle a d’elle-même. Ce phénomène est soutenu par la théorie de l’auto-identité : nous agissons en cohérence avec l’image que nous avons de nous. Lorsque cette image évolue, nos actions suivent. Des études en neurosciences ont montré que le cerveau restait plastique à l’âge adulte : de nouvelles connexions neuronales se forment avec les expériences répétées (Draganski et al., 2004).
Ainsi, à mesure qu’on progresse — qu’on mange mieux, qu’on bouge plus, qu’on tient sur la durée — notre vision de nous-même change. On passe de “je tente” à “je suis capable”. Ce gain de confiance en soi est un puissant levier de persévérance.
3. Le paradoxe de la transformation réussi : accepter son nouveau soi
Mais réussir sa transformation ne suffit pas. Il faut aussi accepter ce nouveau soi. Certaines personnes, après avoir perdu du poids ou changé de carrière, se sentent toujours en décalage. Elles continuent de se voir comme “l’ancien moi”, ou craignent de perdre leur lien avec leur entourage. C’est un phénomène bien documenté en psychologie : le sentiment d’aliénation identitaire (Burke, 2004), où le changement extérieur n’est pas encore intégré mentalement.
Ce décalage peut freiner ou annuler les progrès. Il n’est pas rare qu’en l’absence d’un accompagnement, certaines personnes reviennent à leurs anciennes habitudes. Dans ces cas, un suivi psychologique est recommandé. Un psychologue peut aider à reconstruire une identité cohérente et stable, en phase avec la transformation opérée.
4. Le corps résiste aussi à la transformation : les addictions hormonales
Ce processus n’est pas seulement mental. Il est aussi cellulaire. Le corps humain s’adapte aux déséquilibres hormonaux chroniques. Une personne en surpoids, stressée, avec une alimentation déséquilibrée, développe souvent une résistance à l’insuline ou une exposition prolongée au cortisol, l’hormone du stress.
Ces hormones, lorsqu’elles baignent les cellules pendant des années, modifient leur fonctionnement. Les récepteurs cellulaires deviennent “accros” à ces signaux. Ainsi, changer ses habitudes n’est pas qu’un effort de volonté : c’est un sevrage hormonal réel. Comme pour toute addiction, le corps réclame l’ancien équilibre — même s’il était toxique.
Selon des études récentes (van Cauter et al., Sleep and Metabolism, 2008 ; Lustig, The Hacking of the American Mind, 2017), il faut plusieurs semaines, voire mois, pour que les signaux hormonaux s’équilibrent et que les récepteurs se reprogramment. D’où l’importance de la patience et de la régularité.
Conclusion : une transformation durable est holistique
Transformer son corps, sa vie ou son mode de pensée n’est pas un simple “avant-après”. C’est un processus progressif, où l’esprit et le corps évoluent ensemble. Le premier pas est souvent mental, mais la clé de la réussite se trouve dans l’alignement entre l’image de soi, les habitudes, et l’environnement hormonal.
Accepter ce nouveau soi, avec lucidité et bienveillance, est la dernière étape — souvent oubliée — d’une transformation réussie.
Autre contenu sur la transformation
Pour aller plus loin ou mieux comprendre les enjeux d’une transformation, regarde cette vidéo youtube:
Sources
- Festinger L. A Theory of Cognitive Dissonance. Stanford University Press, 1957.
- Draganski B. et al. (2004). Neuroplasticity: Changes in grey matter induced by training. Nature.
- Burke P. (2004). Identities and Social Structure: The 2003 Cooley-Mead Award Address. Social Psychology Quarterly.
- Van Cauter E. et al. (2008). Sleep and Metabolism: An Overview. Seminars in Pediatric Infectious Diseases.
- Lustig R. (2017). The Hacking of the American Mind. Avery Publishing.
A propos de l’auteur

Sam H est coach en nutrition et bien-être. Il accompagne les personnes en quête d’une transformation durable grâce à une approche personnalisée des troubles métaboliques.