🧠De la dysmorphophobie à la création d’un déséquilibre physique
On croit corriger un défaut… et on en crée un autre.
Dans le monde du fitness, l’esthétique guide souvent les choix d’entraînement. Ce n’est pas un mal en soi. Mais quand cette quête est dictée par une perception déformée de son propre corps — autrement dit, par de la dysmorphophobie — on peut inconsciemment créer un déséquilibre physique, voire un point faible, là où il n’y en avait pas.

🔍 Qu’est-ce que la dysmorphophobie ?
La dysmorphophobie, aussi appelée trouble dysmorphique corporel, est une obsession excessive d’un défaut physique, réel ou imaginé.
Cette obsession pousse à des comportements répétitifs, comme se regarder constamment dans le miroir, éviter certains vêtements, ou… surentraîner une zone du corps.
Même sans être diagnostiqué d’un trouble, de nombreuses personnes actives en salle se reconnaîtront : combien pensent avoir « de petits bras », « pas assez d’épaules », ou « un manque de pectoraux » ? Ces pensées deviennent parfois le moteur d’un acharnement ciblé sur un groupe musculaire.
💥 Quand la perception devient l’ennemie de l’équilibre
Prenons l’exemple d’un pratiquant qui se trouve les bras trop fins. Il va donc multiplier les curls biceps et extensions triceps, semaine après semaine. Mais dans cette quête de correction, il néglige le dos (qui stabilise les bras dans de nombreux mouvements) ou les pectoraux (qui participent à l’apparence globale du haut du corps). Résultat : des bras un peu plus massifs, certes, mais un dos creux ou une cage thoracique « écrasée », et donc un déséquilibre postural ou visuel.
Ce déséquilibre n’est pas uniquement esthétique. Il peut impacter la performance, limiter l’amplitude des mouvements, ou entraîner des compensations articulaires et donc des blessures à moyen terme.

đź§ Comment reprendre le contrĂ´le
- Revenir aux fondamentaux du programme équilibré. Avant de « rattraper » un groupe musculaire, s’assurer que les bases sont posées de manière structurée : poussées, tirages, jambes, gainage.
- Prendre du recul sur sa propre image. Se filmer, se comparer sur le long terme, demander un regard extérieur professionnel peuvent aider à replacer les choses en perspective.
- Comprendre les causes du point faible. Est-ce un vrai retard musculaire, une mauvaise exécution, un mauvais recrutement nerveux… ou juste une impression déformée par le regard qu’on porte sur soi ?
- Corriger avec stratégie. Une fois les déséquilibres identifiés, on peut effectivement mettre en place un plan pour les corriger. C’est précisément ce que j’explique dans ma dernière vidéo.

👉 À voir ensuite :
Comment rattraper un point faible

🎯 Conclusion
La dysmorphophobie, même légère, peut pousser à des erreurs d’entraînement qu’on prend à tort pour des choix stratégiques. Il est essentiel de développer une vision d’ensemble, guidée non par une frustration ponctuelle mais par un objectif global : un corps fonctionnel, fort et harmonieux.
📚 Sources
- American Psychiatric Association. Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (DSM-5), 2013.
- Veale, D. et al. Body Dysmorphic Disorder: A Treatment Manual, Wiley-Blackwell, 2014.
- Pope, H. G. Jr., Phillips, K. A., & Olivardia, R. The Adonis Complex: The Secret Crisis of Male Body Obsession, Free Press, 2000.
- Sommer, P. Understanding Muscle Imbalances, Strength & Conditioning Journal, 2017.
- Helms, E. et al. Muscle and Strength Pyramids: Training, 2nd ed., 2019.
Un mot sur l’auteur: Sam H est coach en nutrition et bien-ĂŞtre. Il accompagne les personnes en quĂŞte d’une transformation durable grâce Ă une approche personnalisĂ©e des troubles mĂ©taboliques.